Comme vous le savez tous, voici quelques semaines le corps d'Engus Flein a été retrouvé, brisé, au fond de sa mine. Chaque visiteur ne manquait pas de remarquer la dangerosité de son puits impressionnant, et peu s'y engageaient d'une main assurée. Engus l'avait creusé, il avait le coeur vaillant, l'audace et la ténacité qui ont fait de lui un maitre parmi les forgerons. Les circonstances de sa chute demeurent inconnues ; pourtant elle est advenue et il faut désormais mettre en marche l'appareil administratif, la période de deuil passée.
Il était méconnu de la plupart d'entre vous, nouveaux arrivants à qui il semblait un ermite retiré en sa montagne, mais il reste le premier maire de Port-Lumière, celui qui a jeté les bases de notre capitale. Même si je m'étais parfois opposé à ses visions à l'époque, je poursuis dans une certaine mesure son oeuvre comme maire actuel, oeuvrant pour la prospérité de notre ville, et la tache m'incombe de régler sa succession.
Il n'avait pas d'héritier connu, pas de parent que nous pourrions prévenir, et il se trouve que j'étais son créancier. Pour plus de clarté, je vais dissocier la personne de maire de celle d'Anthèlme, le tailleur de pierre. Ainsi, Anthèlme est l'héritier légitime des biens d'Engus Flein et il est désormais le possesseur du domaine du Pic lointain. Néanmoins, du fait de sa fonction de maire qui entre en coïncidence avec cette affaire, il peut sembler à certains qu'il exerce là une sorte de privilège. Ceux qui penseraient ça seraient en train de nier la validité légale de la dette contractée par Engus Flein envers Anthèlme de Maldoror. D'autre part, ce serait bien mal connaître un homme qui est bel et bien intègre, quoi qu'en dise quelques ennemis idéologiques -comme il se doit. Cela n'est plus à démontrer.
Aussi, pour servir la ville et donner un gage de ma bonne foi, je m'engage à transférer une grande partie des biens dont je deviens propriétaire dans les coffres de Port-Lumière, dont la totalité des matériaux de construction, des fournitures et des outils, et à payer la somme de 5 000 ducats versés sur le compte de la colonie.
En tant que maire, je peux vous assurer qu'Engus aura une sépulture digne de ce nom dans le futur cimetière.